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La dame de fer de la communication Ouest africaine

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Dans un secteur où les agences internationales dominent traditionnellement le paysage africain, Sandrine Roland fait figure d’exception. Cette Ivoirienne, qui dirige depuis 2006 AOS Africa, l’un des groupes majeurs de communication d’Afrique de l’Ouest, illustre parfaitement la montée en puissance des talents locaux dans une industrie en pleine mutation.

Le parcours de Mme Roland est emblématique d’une nouvelle génération de dirigeants africains qui combinent expertise internationale et connaissance approfondie des réalités locales. Formée au Canada à l’Université Laval dans les années 1990, elle a fait ses premières armes chez Ocean Ogilvy, à une époque où les géants de la publicité considéraient encore l’Afrique comme un marché périphérique.

La suite de sa carrière ressemble à un manuel de stratégie sur la conquête du marché africain de la communication. Après avoir orchestré les stratégies régionales pour Ocean Ogilvy dans quatre pays (Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal, Burkina Faso), elle a gravi les échelons chez Voodoo Communication, puis FCB Intuition, avant de prendre un virage décisif en 2005. Sa nomination comme Group Communication Manager chez Atlantique Telecom coïncide avec l’explosion du marché des télécommunications en Afrique. Un timing parfait qui lui permet de superviser la communication de quatorze pays, à l’heure où le continent connaît sa révolution mobile.

Mais c’est en 2006 que Mme Roland fait son pari le plus audacieux. Alors que les multinationales de la communication continuent de gérer l’Afrique depuis Paris ou Londres, elle prend les rênes d’AOS Africa. Sous sa direction, ce qui n’était qu’une agence locale se transforme en un groupe présent dans cinq pays, employant 500 personnes. Un développement qui défie les pronostics dans une région où les groupes de communication indépendants peinent souvent à s’imposer face aux filiales des grands réseaux internationaux.

Le succès d’AOS Africa sous sa direction ne doit rien au hasard. À l’heure où les géants du numérique courtisent le marché africain, Mme Roland a su positionner son groupe à l’intersection de la communication traditionnelle et de la transformation digitale. Une stratégie qui s’est avérée particulièrement pertinente dans des marchés où la publicité sur mobile connaît une croissance exponentielle.

Les observateurs du secteur noteront l’ironie : alors que les grands groupes internationaux multiplient les initiatives pour « africaniser » leurs équipes, c’est une structure dirigée par une Africaine qui montre la voie. Avec des bureaux permanents à Abidjan et Lomé, AOS Africa illustre un modèle de développement qui privilégie l’ancrage local plutôt que le parachutage d’experts.

Cette approche n’est pas sans rappeler celle d’autres success stories africaines dans le digital : une parfaite compréhension des spécificités locales couplée à une expertise internationale. Le groupe a su capitaliser sur cette double culture pour s’imposer comme un acteur incontournable du marché.

Reste à voir si ce modèle résistera à la consolidation attendue du secteur. Alors que les géants de la tech renforcent leur emprise sur le marché publicitaire africain, la capacité d’AOS Africa à maintenir son indépendance tout en poursuivant sa croissance sera scrutée de près. Mais pour l’heure, le parcours de Sandrine Roland offre une leçon édifiante : dans la nouvelle économie africaine, la connaissance du terrain vaut parfois mieux que la puissance des réseaux internationaux.

Mérimé Wilson

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