Côte d’Ivoire : 10 secteurs à surveiller de près en 2026

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Alors que le PND 2021-2025 arrive à son terme et qu’un nouveau cadre stratégique se dessine pour 2026-2030, la Côte d’Ivoire aborde une phase charnière. Malgré les chocs sur le cacao, la croissance reste soutenue, portée par l’agriculture vivrière, les BTP, l’industrie et les services, avec des projections au-delà de 6 % sur les prochaines années.

Au-delà des chiffres macroéconomiques, dix secteurs se distinguent par leur potentiel de transformation, d’emplois et de création de valeur. Tour d’horizon.

1. Agriculture, agro-industrie et AgriTech : le cœur de la machine ivoirienne

L’ouverture en mai 2025 de la Bourse des matières premières agricoles (BMPA CI), première du genre en Afrique de l’Ouest, marque un tournant pour la structuration des chaînes de valeur. Cashew, cola et maïs y sont déjà cotés, avec l’ambition d’intégrer une vingtaine d’autres produits dont le cacao.

En parallèle, un écosystème AgriTech s’impose progressivement, avec des startups comme Investiv, Trustineo, Adara ou JoOL qui apportent cartographie, financement, conseil et traçabilité au monde agricole.

Pourquoi surveiller ce secteur en 2026 ?

En 2026, l’enjeu ne sera plus seulement de produire, mais de standardiser, tracer et transformer davantage sur le sol ivoirien.

2. Mines et métaux stratégiques : de la montée en puissance à la gouvernance

Après une année 2024 marquée par de grandes avancées dans les mines et l’énergie, la Côte d’Ivoire s’affirme comme un acteur dynamique sur les ressources naturelles à l’échelle régionale.

Or, manganèse, nickel, ressources pétrolières offshore… mais aussi, à moyen terme, métaux critiques : le pays attire majors, juniors et capitaux asiatiques, européens et nord-américains.

Ce qui en fera un secteur clé en 2026 :

Le vrai sujet pour 2026 sera la création de valeur locale : contenu local, transformation des minerais, hubs de services et formation de compétences nationales.

3. Hydrocarbures, raffinage et pétrochimie : le pari de la montée en gamme

En mai 2025, la Côte d’Ivoire et des partenaires américains ont signé plusieurs protocoles d’accord pour des investissements pouvant atteindre 7 milliards de dollars, dont un projet phare de deuxième raffinerie de pétrole estimé à 5,1 milliards de dollars, en partenariat avec la SIR.

L’objectif est clair : doubler les capacités de raffinage et renforcer la position du pays comme hub pétrolier sous-régional, avec en ligne de mire une adhésion à l’OPEP.

Pourquoi ce secteur sera stratégique en 2026 ?

Pour les investisseurs, 2026 sera une année de clarification : trajectoire réglementaire, mécanismes de prix, et articulation avec la transition énergétique.

4. Électricité, renouvelables et transition énergétique : cap sur 45 % de renouvelables

La Côte d’Ivoire s’est fixé pour objectif de porter la part des énergies renouvelables à 45 % dans son mix électrique d’ici 2030.

Plusieurs signaux forts :

Ce qu’il faudra suivre en 2026 :

L’énergie sera la colonne vertébrale de la compétitivité industrielle et de l’inclusion sociale (accès universel à l’électricité d’ici 2030).

5. Fintech, paiements digitaux et inclusion financière : Abidjan, hub sous-régional

Avec un taux de pénétration mobile élevé, un cadre UEMOA en harmonisation et une vague de startups innovantes, la Côte d’Ivoire s’impose comme un hub fintech en Afrique de l’Ouest.

Des acteurs comme Julaya, CinetPay et d’autres solutions de wallet, d’agrégation de paiements, de crédit digital ou de scoring alternatif étendent leur présence dans la région.

En 2026, les lignes de fracture seront :

Les fintechs ivoiriennes qui réussiront en 2026 seront celles capables de passer à l’échelle régionale tout en gardant une forte maîtrise des risques.

6. Économie numérique, data centers et intelligence artificielle : l’infrastructure invisible

La trajectoire d’industrialisation du PND repose aussi sur la digitalisation de l’économie : e-gouvernement, services en ligne, cloud, data centers et progressivement IA dans la banque, la distribution et l’agriculture.

Les signaux du moment :

En 2026, trois enjeux majeurs :

Pour les entreprises, 2026 sera l’année où le numérique cessera d’être un “support” pour devenir un levier stratégique de compétitivité.

7. Infrastructures, BTP et immobilier urbain : la ville ivoirienne en recomposition

La construction et les travaux publics comptent parmi les principaux moteurs de la croissance ivoirienne récente.

Autoroutes, ponts, échangeurs, réaménagements urbains, villes nouvelles, zones industrielles : Abidjan et l’intérieur du pays se transforment à grande vitesse.

Pourquoi 2026 sera un tournant :

Au-delà des “grands chantiers”, les acteurs à surveiller seront ceux qui savent articuler infrastructures, services urbains et durabilité.

8. Transport, logistique et hubs régionaux : la Côte d’Ivoire, plateforme de l’Afrique de l’Ouest

Le dynamisme du commerce et du transport est l’un des soutiens clés de la croissance ivoirienne, dans un contexte où le pays joue le rôle de porte d’entrée pour plusieurs voisins enclavés.

Port autonome d’Abidjan, corridor Abidjan-Ouagadougou, aéroport, plateformes logistiques, zones franches : l’offre se densifie.

En 2026, les dossiers à suivre :

Le secteur logistique est au croisement de l’agro-industrie, des mines, du commerce et du e-commerce : un multiplicateur de compétitivité.

9. Tourisme, culture et industries créatives : une rente encore sous-exploitée

Entre littoral, parcs nationaux, patrimoine culturel, événements sportifs et scène musicale et audiovisuelle dynamique, la Côte d’Ivoire dispose d’atouts évidents, encore sous-monétisés à l’échelle continentale.

Les tendances favorables :

Pourquoi 2026 peut marquer un déclic :

Les gagnants seront ceux qui aborderont le tourisme et la culture non comme un “plus”, mais comme une industrie exportatrice de contenus et de services.

10. Économie verte, marchés carbone et gestion des déchets : la nouvelle frontière

La Côte d’Ivoire a affiché son ambition de devenir un acteur majeur sur les marchés internationaux du carbone, avec la création d’un Bureau du marché carbone et un projet de loi sur les crédits carbone. Le pays a déjà mobilisé des financements significatifs en contrepartie de réductions d’émissions, principalement liées à la déforestation évitée.

Des pistes émergent autour du solaire, de la valorisation des déchets agricoles (biochar) et des projets bas carbone dans les villes.

En 2026, ce secteur sera à haut potentiel si :

Pour les investisseurs et entrepreneurs, l’économie verte ivoirienne est encore un océan bleu, à condition de s’inscrire dans des standards internationaux de transparence et d’impact réel.

La Côte d’Ivoire aborde 2026 avec des fondamentaux solides et une image de “locomotive” régionale confirmée par les institutions financières internationales.

Mais la nouvelle phase qui s’ouvre sera celle :

Pour les dirigeants et investisseurs ivoiriens, 2026 ne sera pas seulement une année de croissance de plus : ce sera l’instant où se dessinera, concrètement, la place de la Côte d’Ivoire dans les chaînes de valeur régionales et mondiales à horizon 2030.

Mérimé Wilson

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